Les mangas d’horreur
La semaine d’Halloween a commencé chez Geekothèque ! Pour ceux qui souhaitent plonger dans les ténèbres, nous avons sélectionné des œuvres de mangakas spécialisés dans l’horreur. Ce genre captivant explore une grande variété de thèmes et invite souvent à une réflexion plus profonde et parfois troublante.
L’inspiration de manga horreur
L’inspiration pour ce type de manga remonte aux peintures médiévales japonaises et aux représentations des Yôkai. Ces esprits, généralement malveillants et issus du folklore japonais, prennent diverses formes comme des démons, des fantômes ou même des créatures cachées dans les bains publics. Ils font partie intégrante de la culture japonaise, de ses croyances, traditions et superstitions, et véhiculent également des leçons de moralité aux enfants à travers des contes.
Aujourd’hui, ces créatures hantent aussi les mangas et animes, comme dans le célèbre film d’animation de Hayao Miyazaki, Princesse Mononoké, avec ses petits esprits de la forêt (universdujapon.com), bien que ceux-ci ne soient pas particulièrement effrayants.
L’Émergence du Manga de Frissons
Impossible de parler d’horreur en manga sans mentionner Shigeru Mizuki. Il a débuté en écrivant des scénarios pour le kamishibai considéré comme l’ancêtre de nos mangas modernes. En 1960, Shigeru Mizuki publie Gegege no Kitaro ou Kitaro le Repoussant un grand classique du manga d’horreur, avec de nombreuses adaptations en anime, films et jeux vidéo. Ce manga en 11 tomes raconte l’histoire de Kitaro, un garçon né dans un cimetière et le dernier survivant de la tribu des fantômes (un type de Yôkai). Kitaro se bat pour maintenir la paix entre les humains et les Yôkai, grâce à ses nombreux pouvoirs et sa cape magique, le chanchanko, qui lui permet même de voyager en enfer.
Gegege no Kitaro fait partie d’un style de manga appelé Gekiga, qui signifie « dessins dramatiques ». Ce genre inclut des éléments comme le drame (geki), la violence et la tension, et s’adresse généralement à un public adulte. De nombreuses œuvres emblématiques de ce style ont été publiées dans le magazine Garo, qui accueillait les premiers mangas d’avant-garde, alternatifs et d’horreur.
L’âge d’or du Manga d’Horreur
Durant les années 1960 et 1970, le manga d’horreur gagne en popularité au Japon, notamment des Mangas de prêt et le magazine Shōnen Jump. Parmi les auteurs marquants de cette époque, Kazuo Umezu se distingue avec des œuvres culte comme Hebi Onna ou La Femme Serpent, La Maison aux insectes, Orochi, et L’École emportée. Son parcours est intéressant, car Umezu a commencé sa carrière en tant qu’auteur de mangas de comédie romantique avant de se tourner vers le côté sombre.
Dans La Femme Serpent, publiée en 1965-1966, on suit Yumiko une jeune fille qui se fait poursuivre par une femme serpent terrifiante qui apparait suite à la visite de sa mère hospitalisée. La femme serpent est déterminée à dévorer Yumiko, qui doit combattre pour sa vie.
Ce manga est inspiré des mythes et légendes des créatures surnaturelles et il a profondément marqué ses lecteurs depuis des années.
Kazuo Umezu est aujourd’hui considéré comme le pionnier et créateur du manga d’horreur, ayant influencé de nombreux auteurs de ce genre, dont Junji Itō (manga-news.com).
Junji Itō et l’Ère Moderne de l’Horreur
Junji Itō est surtout connu pour son œuvre Tomie, publiée entre 1987 et 2000. Ce manga a vu le jour grâce à un concours organisé par un magazine, où il a reçu une mention honorable, avant d’être publié dans les magazines Monthly Halloween et Nemuki.
Tomie suit le personnage de Tomie, une adolescente japonaise capable de manipuler les autres, dotée du pouvoir de se multiplier et de se dupliquer. Elle ensorcelle les hommes, les poussant au meurtre ou au suicide, et transforme parfois de jeunes femmes en copies d’elle-même. Des scènes de démembrement sont fréquentes dans ce manga, où l’on voit souvent Tomie se régénérer après avoir été coupée en morceaux, ajoutant une touche d’horreur et de fascination à l’histoire.
Les Années 1980-1990 : La Popularité Explosive du Manga d’Horreur
Pendant les années 1980-1990, marquées par la crise économique au Japon, les mangas d’horreur connaissent un essor spectaculaire. Ces mangas deviennent alors un miroir de la société de l’époque, abordant des thèmes de violence et de déshumanisation. Un autre classique de cette période est Parasyte, sorti en 1988, qui explore le body horror. Écrit par Hitoshi Iwaaki, il est compilé en 10 volumes et rencontre un immense succès, avec des adaptations en série d’animation et en film en 2014.
Parasyte raconte l’histoire d’un virus extraterrestre qui envahit les cerveaux humains, prenant le contrôle des corps pour ensuite dévorer d’autres humains. Le protagoniste, Shin’ichi, est lui aussi attaqué par un parasite, mais parvient à cohabiter avec lui pour se défendre contre d’autres parasites. Au fil de l’histoire, il devient capable de les combattre seul.
Un Genre en Évolution Constante
Aujourd’hui, les mangas d’horreur et de dark fantasy continuent d’évoluer, attirant un public toujours plus large et diversifié. Les thèmes abordés touchent désormais à des peurs plus modernes, comme les angoisses technologiques, les virus inconnus, et même des cauchemars de société. De nouveaux auteurs suivent les traces de pionniers comme Shigeru Mizuki, Kazuo Umezu et Junji Itō, en repoussant les limites de la narration et de l’illustration pour créer des œuvres aussi fascinantes qu’effrayantes.
À l’approche d’Halloween, c’est l’occasion idéale de découvrir ou redécouvrir ces classiques et de se plonger dans des histoires qui, au-delà de l’horreur, nous poussent aussi à la réflexion. Que vous soyez fan de frissons ou simple curieux, les mangas d’horreur ont quelque chose d’unique à offrir, et ils continuent de captiver et d’influencer le monde de la bande dessinée, au Japon et au-delà.
Alors, prêts à explorer les ténèbres ? Bonne lecture, et préparez-vous à frissonner !